Mes petites créations ...

Mes petites créations ...

Embrassé, embarrassé

 

 

Troisième rendez-vous, joli décolleté, jambes fraîchement épilées, mascara yeux de biche, gloss brillant, spécial lèvres pulpeuses, je ne peux quand même pas mieux faire passer le message. On y croit cette fois ci c'est la bonne, je vais n'en faire qu'une bouchée de ce petit mec. Trois mois de célibat, je n'en peux plus, j'ai faim. Les deux dernières fois, j'ai eu beau me la jouer Betty Boop, monsieur est resté impassible, allez comprendre les hommes aujourd'hui, celui là c'est un vrai gentleman, quand moi je voudrais, un fauve, un rugissant prêt à me dévorer sans demander mon avis. Je ne vais quand même pas lui reprocher ses bonnes manières, pour une fois que je tombe sur un gars poli, gentil, prévenant, je vais lui laisser le temps. N'empêche que ce soir, je veux mon baiser, ses lèvres charnues contre les miennes, goûter le saveur de sa bouche, la dextérité de sa langue, son humidité ,... Hum, j'en suis toute chose, je me calme. Ça y est, il revient, le repas s'est bien passé, conversation intéressante, pas de blancs, et pour une fois, j'ai pas trop monopolisé, je l'ai mis en confiance, non, je gère, allez on garde le sourire, c'est clé du succès. Il me propose de partir, et en plus il m'invite, ça s'est bon signe ! Il ne fait pas chaud ce soir, je fais la petite chose fragile qui a froid, même si je brûle à l'intérieur. Bon, il ne me prends pas la main, pas le bras, pas d'effleurement, que faire, me tordre la cheville pour qu'il me rattrape, avec ma chance, je risque de ne pas me louper. Rentrons plutôt dans le vif du sujet.

« J'ai passé une très agréable soirée avec toi , merci pour le resto.

- De rien, tu sais avec mes tickets, c'est pas un souci, oui c'était sympa, on remettra ça. »

Quoi des tickets, sympa, c'est tout, il ne va pas s'en sortir comme ça, il n'a pas été séduit c'est ça, il va voir de quel bois je me chauffe.

Ni une, ni deux, elle tend ses jambes, lève ses talons, se colle contre lui, presse sa poitrine contre son buste, sa main sur sa nuque, ses lèvres contre les siennes, sa langue dans sa bouche. Puis revient dans sa posture d'origine, fière d'elle, main glissée dans sa chevelure, attitude satisfaite. « ça faisait un moment que j'en avais envie, j'ai bien vu que je te plaisais, mais que tu étais timide, pas de souci pour moi, j'ai pas froid aux yeux. »

Lui avale sa salive, les yeux ronds, l'air embarrassé, il lui répond fuyant. «  Bien sûr que tu es charmante et plaisante, mais comment te dire,... je ne vais pas passer par quatre chemins, je suis désolé, je pensais que tu avais compris, mais c'est ton frère qui me plaît. »

Mon frère, c'est bien ma veine, un gai. Trop beau pour être hétéro, j'aurai du m'en douter. Mais il a aucune chance, Baptiste n'est pas homo !

«  Mon frère ah, cool, mais je crois que tu n'as pas tes chances avec lui.

- Il a quelqu'un alors ?

- Non, il est célib, mais il est pas du même bord.

- Ah, tu ne le savais pas.

- Attends qu'est ce que tu me racontes là, tu veux pas sortir avec moi ok, pas la peine d'inventer n'importe quoi, mon frère gai, on aura tout entendu !

- Excuse moi, ce n'était pas à moi de t'en parler. »

Je suis ébahi, je reste clouée, des images de mon frère me reviennent en tête, serait-il possible que … qu'il est raison. Son attitude, ses tee-shirts colorés, sa coupe de cheveux, son amour de l'art, j'hallucine, c'est portant bien évident qu'il a raison, comment n'ai je pas compris, moi qui suis sa sœur, si proche de lui, et je n'ai rien vu, il ne m'a rien dit. Ce sont les personnes qui sont le plus proches de vous, que vous connaissez le moins. On les voit comme on a envie de les voir et pas comme ils sont, on ne les laisse pas évoluer, on les fige dans l'image qu'on a d'eux parce que ça nous rassure, mais ce n'est que leurre de se complaire dans ce qui nous plaît et d'occulter ce qui est. Je m'en veux de m'être laisser piéger, moi qui juge les autres qui ne voient pas ce qui est sous leur nez, voilà que j'agis de même. Je n'ai plus envie de baisers, plus envie de rien d'autres que de rentrer chez moi, d'appeler mon frère et de lui parler pour de vrai. Quelle sœur serais- je si il ne peut pas se confier à moi, qui sait je vais peut-être même lui arranger un rendez vous avec Clément, que ce joli petit lot profite à un de nous deux !

 

 

Atelier d'écriture proposé sur www.bricaboo.fr par Leiloona, photographie de Kot 

 



06/11/2012
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