Mes petites créations ...

Mes petites créations ...

Le choix

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«  Viens par là Madame, allez juste pour le plisir des yeux, c'est moins cher que gratuit »

«  Eh, la belle gazelle, regarde li babouches, belle peau de chameau »

«  Par ici, li bon thé, prends, prends, pourquoi ti te presses, pas de sabotage, chouf, y sont pas beaux mes tapis ? »

Alpaguée de tous les cotés, je me sens oppressée, j'ai la nausée...

Jemma El Fna, sa Koutoubia, son souk, ses étals, les odeurs d'épices, les charmeurs de serpents, le mouton cuisiné, les oranges pressées, une vraie carte postale, Marrakech, rêve oriental.

Je ne me sens pas à ma place parmi ces touristes... je faisais partie de ce monde, ils ne m'ont pas reconnue. Ici c'était mon espace de jeux de gamine, à jouer à cache cache dans les ruelles, à écouter l'appel du muezzin, à mettre les foulards pour danser comme maman. C'était il y a si longtemps, j'ai tellement changé, aujourd'hui je ne suis plus des leurs. Aujourd'hui je viens me marier dans mon pays, faire reconnaître mon union avec un françaoui, un mangeur de cochon. J'entends dans mon dos mes tantes jacassaient, j'ai déshonorée la famille, mais le pire serait encore que je fasse naître mon enfant sans mariage. Ils n'ont pas le choix, alors demain nous commencerons les festivités, le hammam, les dessins au henné, les youyous, les baklavas... Ils ne me comprennent pas, pourquoi je ne suis pas la tradition, la voie des femmes, le voile, les enfants, suivre les principes du prophète, pourquoi je ne veux pas de cette voie et que je veux faire entendre ma voix, choisir une autre vie, d'autres droits. Je ne veux pas être conditionnée dans ce monde là.

Elle s'assoit à l'ombre d'un arbre, il fait si chaud, ses jambes sont lourdes, elle ferme les yeux, pose les mains sur son ventre.

« Tu entends ça mon petit, toi qui grandis en moi, toi que je ne connais pas mais que j'aime déjà, je nous offrirai un autre monde, un monde de liberté. Cette semaine, j'épouserai ton père ici, mais nous repartirons. J'y crois mon petit haricot, j'y crois, je veux pour toi un monde loin de l'obscurantisme religieux, je veux un monde de légèreté, de lumière, de tolérance. Tu m'aides mon amour, tu me rends forte, je te promets une chose mon fils, tu auras ce qui est le plus précieux, cette liberté que j'ai arrachée : le choix. »

 

 

 

merci à Leiloona qui propose ses ateliers d'écriture sur http://www.bricabook.fr/ 

 

photo de Romaric Cazaux

 



22/02/2013
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