Mes petites créations ...

Mes petites créations ...

Ateliers d'écriture


Je monte, je descends...

 

 

@ Romaric Cazaux

 

Je monte, je descends, inlassablement,ma vie durant.

Ces escaliers, ma prison, ma punition.

Pendant que touristes se prennent en photos, et de leurs pieds apportent poussières et saletés, je monte, je descends, je nettoie.

Cachée sous ma coiffe grise, l'air bienveillant, le sourire conciliant, soi disant, dévouée, au tout puissant.

Masque de bonté, ma dévotion, n'est qu'illusion.

Mon engagement un leurre, moi la bonne sœur.

Dans cet illustre Vatican, celui que je veux atteindre, se cache derrière ces portes de pierre, ces rideaux de velours : le messager de Dieu en personne.

Je me rapproche de lui par mes bons services et je sais que tôt ou tard, j'arriverai à mes fins. Que ma vengeance aboutira, qu'il périra par moi.

Et même si ma vie s'arrêtera aussi, je n'en ai cure, ma vie, la vraie, s'est arrêtée quand tu es mort.

Dieu a cessé d'exister ce jour là, quand je t'ai perdu, quand j'ai compris que cette religion n'était que fanatisme, oppression, abus de pouvoir sur les ignorants, par lui je tuerai le mensonge.

Je monte, je descends, j'attends.

 

 

merci à Leiloona qui propose ses ateliers d'écriture sur http://www.bricabook.fr/ 

 

 

 

photo de Romaric Cazaux

 


20/12/2013
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Mes dernières volontes

bulles

Me voilà au crépuscule de ma vie, je le sais, je le sens, je vois ce corps qui ne me répond plus, les médecins qui font la grimaces en regardant mes analyses de sang, je n'ai pas envie de me voiler la face. J'ai aimé ma vie, je pense avoir eu de la chance, mais aujourd'hui, je me sens lourde, empotée dans mon corps, mes membres qui se traînent et bientôt ne pourront plus répondre à mes envies. Ça passe vite la vie, le corps s'use si vite, j'ai l'air d'une petite vieille, alors que dans ma tête les choses sont différentes, je voudrais pouvoir courir encore, tourner, sauter, et c'est à peine si j'arrive à marcher. Ce qui m'attriste le plus ce n'est pas de partir, mais c'est de rendre tristes mes proches, alors voilà j'ai pris une décision pour que ma mort se fasse dans la joie, il me prendront pour une folle, mais après tout ils ont eu l'habitude de mes exigences farfelues.

Je prends donc ma plume pour écrire d'une main tremblante et pourtant bien déterminée mes dernières volontés.

«  Mes chers petits, Camille, Léopold et Mathieu,

Je sais votre tristesse, mais je ne veux pas de ce poids des larmes, je veux partir dans la musique, la joie, la légèreté, je veux m'envoler vers les cieux d'une façon peu conventionnelle, mais ce sera la mienne, c'est ce que je vous demande :

Je souhaite que mon corps soit incinéré, puis que mes cendres soient mélangés à un produit moussant, je veux que le tout s'envole sous forme de bulles lors d'une fête où vous serez tous là, avec famille et amis. J'ai commandé des caisses de champagnes pour fêter mon envolée, elles sont à la cave, je vous laisse un budget de 10.000 euros pour le traiteur, la salle... Le reste de mes biens vous reviendront de façon équitables. Ne soyez pas choqués, ceci n'est pas une farce, je ris déjà de voir vos têtes, laissez moi libre de ma dernière folie, laissez moi vous faire rire une dernière fois. Ne me pleurez pas, je reste dans vos cœur. Soyez heureux, c'est la seule chose qui compte à la fin du voyage, le bonheur vécu. Et grâce à vous, mes amours, je il fut énorme pour moi, je ne sais si votre père m'attend quelque part, mais je l’espère et j'ai hâte de le rejoindre, plus de 10 ans sans lui c'est trop long.

Je vous aime.

Maman »

C'est le notaire qui fera une drôle de tête. C'est bien bon d'être un peu fêlée !

 

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photo de Romaric Cazaux


08/11/2013
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Chambre34

@ Marion )Twenty three peonies)

5h45, les chiffres lumineux du radio réveil m'agressent, c'est pas humain de devoir se lever si tôt le dimanche matin. 20 ans, étudiante, les plus belles années, hum... ça se discute. Comme un automate, je me dirige sous la douche, enfile ma tenue de réceptionniste, petite chemise blanche, talons de circonstance, j'optimise mon temps, bois mon thé en me maquillant, un coup de blush pour ne pas ressembler à un macchabée qui a bu trop de bières la veille et c'est parti. Ma chanson phare sur les lèvres «  il est 5h Paris s’éveille », je m'engouffre dans le métro, à cette heure ci c'est un vrai carnaval, j'envie les derniers fêtards qui vont filer sous la couette. Devant moi ce mec qui me fixe, ah j'aime pas ça, j'évite son regard, cherche mon bouquin pour trouver un rempart, je l'ai oublié, je fais la connerie de lever les yeux.

Un petit sourire en coin sur les lèvres, des cheveux poivre et sel, un regard pénétrant, une bonne trentaine, plutôt pas mal pour un vieux.

«  Vous avez des yeux de chat.

- Merci.

- Vous allez où comme ça ?

- Travailler.

- On doit vous le dire souvent, mais vous dégagez quelque chose de très attirant.

- Pardon !

- Je vous trouve attirante. »

Je ne réponds pas cette franchise me déconcerte et m'excite à la fois. Ouf ma station je sors, putain, il me suit.

«  Ça vous dérange que je fasse le chemin avec vous ?

- Pour aller où ?

-Cela dépend de vous.

- Je vais à l’hôtel en face.

- Je n'en attendais pas tant.

- Je veux dire ... je travaille à l'hôtel. Écoutez tout cela me gêne, reprenez votre route. Au revoir. »

J’accélère le pas, et et rentre dans l'établissement, ah quel pot de colle celui là.

La matinée se déroule comme à son habitude, entre les départs, les itinéraires à conseiller, les réservations à enregistrer. Mais vers 11h, surprise, devant le comptoir, le mec du métro.

« Qu'est ce que vous faites là ?

- Bonjour, mademoiselle.

- Que voulez vous ?

- Une chambre. J'aime la transparence de votre chemisier.

- Pardon !Vous voulez réserver une chambre?!

- Cela vous semble-t-il étonnant dans un hôtel? »

S'il croit m'avoir comme ça !

« Il ne me reste plus qu'une suite à 250 euros.

- Parfait !

- Parfait ? Très bien, Une pièce d'identité et votre carte bleue s'il vous plaît, et voici le formulaire à remplir.

- Vous avez la chambre 34, au troisième, l'ascenseur est sur votre droite.

- Merci de votre amabilité. »

Il se fout de moi, j'hallucine, mais pourquoi je n'ai pas dit qu'on était complet, dans quel bourbier je me suis mise, et le pire c'est qu'il est déstabilisant, la transparence de mon chemisier, non mais c'est quoi ce type. Le voilà qui revient.

« La clé ne marche pas.

- Je l'ai pourtant magnétisé, je vais vous en refaire une. »

Il s'appuie sur le comptoir, me déshabille du regard.

« J'aime les femmes qui porte des talons. 

- Voilà votre clé. »

5 minutes plus tard, il redescend :

«  Elle n'ouvre pas,

- Ce n'est pas possible.

- Venez vérifier par vous même.

- Très bien. »

Je prends les escaliers, hors de question de me retrouver dans l'ascenseur avec lui, il me suit, sa présence derrière moi est pesante.

«  Vous avez une petite échelle, dans votre collant, elle doit filer vers le haut de votre cuisse. »

Je me retourne pour regarder, il effleure ma jambe de ses longs doigts. «  juste là ». Je le trucide du regard, et continue mon ascension. Arrivé devant la porte de la chambre, je glisse la clé, qui marche évidemment. «  Cette clé marche vous me faites perdre mon temps monsieur »

Il me plaque contre la porte, m'attrape la mâchoire, et m'embrasse, sa main redescend dans mon cou, caresse mon buste, et enfin m'agrippe la fesse. Le pire c'est que c'est bon, je me laisse faire, je sens son érection contre moi, je me sens fondre.

«  Rentre.

- Non, je dois retourner en bas »

Dans un élan de lucidité, je redescends en quatrième vitesse l'escalier. Mais qu'est ce que je fais. C'est quoi ce délire hormonal, il faut que je me calme. Je prends un grand verre d'eau, réajuste ma jupe.

15 minutes plus tard, je voilà de retour. Je deviens toute rouge, il me regard l œil rieur.

«  Est ce que vous pouvez effectuer une réservation pour moi.

- Oui, où désirez- vous aller?

- En vous.

- Où voulez vous réserver ?

- Dans le restaurant « la médina » pour deux, j'adore la cuisine épicée.

- Ah quelle heure ?

- Ah quelle heure finissez vous ?

- 19 heures.

- Disons 19h30 alors.

- Je... »

Il pose son doigt sur mes lèvres  » Chut...  A toute à l'heure. »

18h45, je suis en panique, je ne l'ai pas revu de l'après-midi, qu'est ce que je fais, qu'est ce que je vais faire ?

Et là Christophe entre, j'en avais presque oublié que j'avais un copain, qu'il me semble peu viril avec son sweet d'ado.

«  Qu'est ce que tu fais là ?

- Merci pour l'accueil, moi aussi je suis contente de te voir ma chérie. On dîne chez ma mère ce soir, tu te souviens c'est son anniversaire.

- Excuse, je suis crevée, oui ta mère, super. Tiens Fred arrive pour la relève. »

Le réceptionniste de nuit n'entre pas seul, le mec de la 34 est avec lui. Ils arrivent ensemble au comptoir, je suis foutue.

«  Salut Lise, ça a été la journée ?

-  Oui, je te présente Christophe, mon copain. 

- Monsieur ?

Il me regarde la mâchoire crispée.

- Un plan de Paris s'il vous plaît.

- Sur le présentoir. "

Ouf, il n'a rien dit, je file avec Christophe, direction la belle mère, c'est pas la soirée que j'espérais mais c'est sans doute mieux ainsi. 

 

Atelier d'écriture sur  Bricabook.fr  photo de  Marion )Twenty three peonies)


24/10/2013
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Vide

une photo quelques mots 99

L'air est frais, le calme rassurant, les effluves d'un reste d'encens m'aident à me recentrer, à chercher la paix. Je ferme les yeux et l''image qui me vient c'est celle d'une herbe sèche, de la paille à vrai dire, un épi sans blé, oui, voilà ce que je suis. Je ne peux donner naissance, je ne peux nourrir, je ne peux transmettre, je suis là au milieu des autres, presque semblable, mais à y regarder de près, rien, je suis une écorce vide. Alors oui je me demande pourquoi, pourquoi moi. Je regarde autour et me questionne, juge, quel mérite? quelle justice? il n'y en a pas... Pourquoi suis-je là? comment croire en un Dieu, qui donne la vie comme il diffuserait des paillettes sur le monde, au grès du vent, sans considération, peu importe que les paillettes tombent dans la boue ou sur une couronne. Je ne sais pourquoi mais croire me rassure quand même,  je peux ainsi être en colère contre quelqu'un d'autre que moi même,  je peux aussi espérer que les choses changent. A vrai dire, je suis juste triste. Je dois faire le deuil de quelqu'un qui n'existe pas, faire le deuil d'une projection, je dois accepter de tirer un trait sur la fin du conte de fées. Que vais-je écrire à la place? Ceci c'est à moi de l'inventer, j'ai un autre chemin à trouver, un chemin sans haine, sans regret, un chemin qui ne soit pas une triste fatalité, je dois créer mais je suis perdue dans le néant. 
Aujourd'hui en déposant ce cierge, je ne demande pas un enfant, je demande à cette petite lumière de bien vouloir me guider, de bien vouloir éclairer ma voie. 
 

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photo de Romaric Cazaux


18/10/2013
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J'oublie

hat

"Papi, papi, mais réponds moi...
- Oui Rachel, je suis là. Qu'est ce que tu dis déjà?
- Je te demandais si tu avais emballé le cadeau de Paul.
- Le cadeau? Oui, je pense.
- Papi, tu te souviens qu'on fête son anniversaire ce soir quand même.
- Bien sûr ma chérie, comment oublier ça!
Pauvre de moi, encore à mentir.
- Ça va lui plaire depuis le temps qu'il en avait envie.
- Oui, il va être aux anges ton frère."
Je lui rends un sourire triste, mais de quoi parle-t-elle, quel est ce cadeau, aucune idée.
J'oublie, c'est ainsi, ça a commencé par des petites choses toutes bêtes, je ne savais plus pourquoi j'allais dans la cuisine, qu'est ce que je voulais noter avec ce crayon dans ma main. Puis ça c'est corsé, j'avais l'impression d'avoir sans cesse des surprises, des bonnes: la visite de mes enfants, un gâteau dans le frigo, mais aussi des plus dérangeantes: l'eau des pâtes complétement évaporée sans que j'y ai mis les pâtes, se retrouver à la caisse du magasin sans son sac, ne plus savoir le code de l'immeuble, le code de ma carte bleue, le code de mon casier de piscine... Des codes, il y en a partout et quand rien ne se note plus dans notre ordinateur central, qu'on perd les données, on est sans cesse paumé. Alors je note tout de tous les cotés, sur mon frigo, dans mon sac, sur mon miroir, je note, j'écris ma vie. Je ne m'en souviendrai pas pour autant mais je pourrai la redécouvrir. Aujourd'hui je sais encore que cette petite fille à qui je tiens la main s'appelle Rachel et que je l'aime mais jusqu'à quand? Quand deviendra -t-elle une inconnue? Un jour, je ne saurai plus comment je m'appelle moi même, où je suis né, j'oublie mon passé mais à travers lui c'est qui je suis que j'oublie, c'est mon être qui s'efface. J'ai peur de cette perte, de cette vie qui s'envole, ma vie, mes images, mes sons, mes gouts, ce que j'aime, ce qui me révolte, j'oublie qui je suis. Je me plonge peu à peu dans le néant du passé inexistant, du présent qui s'envole et du futur qui n'existe pas sans les deux autres, quelle projection faire quelle continuité? Comment écrire la suite de l'histoire quand on n'a pas le début? Alors il faut inventer, réinventer, imaginer tout le temps.
" Papi, on est arrivé. je peux ouvrir la boîte aux lettres?"
Ses grands yeux noirs, sa joie naturelle, je profite de cela, je fais un arrêt sur image, je veux m’imprégner d'elle.
"Oui Rachel, mais n'en sors que les bonnes nouvelles.

- Ah oui, les factures on dira qu'on les a oubliés."

Elle me fait un petit clin d’œil, elle met sa petite main dans la mienne et m'emmène, où déjà? chez moi je crois.

 

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Photographie de Kot2


01/10/2013
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