Mes petites créations ...

Mes petites créations ...

Dans l'impasse

 

J'aime le bruit de mes pas sur le bitume, mes talons qui claquent dans la nuit, je me sens femme, forte, déterminée. Et pourtant je n'ai jamais su si peu si où j'allais, je sais juste que sous ce faux air de femme attendue, importante, qui se presse, j'aimerai errer dehors sans fin ni destination. Je voudrais repousser ce moment où je vais devoir rentrer, faire semblant de rien, aller me coucher, retrouver le lit conjugal. Ce même lit dans lequel, mon mari me touche sans être avec moi, le cœur et le désir vers une autre beauté. La jeunesse, je m'en suis toujours méfiée, j'ai été jeune et je sais de quoi une fille est capable. «Tes rides, pff, tu es encore plus belle avec, elles marquent davantage ton sourire, ta fermeté, de quoi parles-tu, ta peau gagne en souplesse, tu es toujours plus délicieuse. » On croit à ce qu'on veut entendre. La vérité est pourtant différente, mon mari me trompe avec une étudiante de vingt ans de moins que moi. Le plus redoutable dans la jeunesse, ce n'est pas comme on pourrait le penser, des seins bien hauts ou une peau de pêche, mais l'insouciance, la légèreté. Il croit sans doute que je ne le sais pas, qu'il peut me tromper en toute bonne conscience, mais je ne suis pas dupe, ce parfum de jasmin sur ces vêtements, ces cheveux blonds sur son écharpe, ces appels auxquels il ne répond pas... J'ai mené ma petite enquête et le verdict est tombé : une petite stagiaire de son entreprise, une certaine Karen, arrivée tout droit Bulgarie pour son stage de fin d'étude. Si banal, mais pas moins douloureux. Je ne lui dis rien, j'espère que cette fantaisie lui passera et qu'il reviendra à notre amour. La vie est surprenante, on ne sait jamais quand mais l'arroseur est souvent arrosé, j'ai été cette jeune étudiante chasseresse qui lorsqu'elle souhaitait un homme faisait tout pour l'obtenir, marié ou pas, peu m'importait. Les hommes appelés êtres de sexe fort sont si faibles et justement par leur sexe. Je me souviens justement d'un homme marié avec qui je suis sortie. Il s'appelait Fabio, très bel homme malgré sa chevelure grisonnante, j'ai tout de suite été attirée, son accent, son charisme, sa force, je le sentais homme d'expériences, alors que les garçons de mon âge avaient tout à apprendre. Il était marié, mais cela ne nous a pas empêché de jouer au jeu du chat et de la souris, jusqu'à ce que le chat mange la souris. Ah quel baratin j'avais le droit avec lui, des déclarations, de la folie, il se sentait vivant avec moi et mort avec sa femme, il me promettait monts et merveilles alors que je ne demandais rien. Un détail me fait sourire aujourd'hui, allez savoir quelle idée m'était passée par la tête. Un jour que j'étais arrivée avant lui à l'hôtel, j'avais gravé à la pointe d'un stylo rouge, sur la plinthe de la chambre derrière la table de chevet, nos initiales dans un cœur. Je ne l'aimais pourtant pas, mais je trouvé ça drôle de laisser une marque de notre passage ici, et comble de l'ironie, la phonologie m'a alors révélé un message quand à la nature de notre relation, le F de Fabio et le S de Sophie joints, FS, et oui nous vivions une simple histoire de fesses. J'avais raison, l'histoire s'est terminée comme elle a commencée, comme ça. C'est peut-être pour cela qu'aujourd'hui j’espère que mon mari me reviendra et que son démon de midi passera. En attendant, il est minuit et me voici arrivée malgré mes détours dans mon impasse, devant chez moi, chez nous, j'ai peur, si peur de le perdre.

 

 

Atelier d'écriture proposé sur www.bricaboo.fr par Leiloona, photographie de Kot 



09/11/2012
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