Mes petites créations ...

Mes petites créations ...

Anita

autoroute

 

J'en vois passer des petites, et des grosses, des rouges, des bleues, des blanches, des pleines à craquer avec porte-bagages sur le toit et des quasi-vides. J'en vois passer des bien lustrées, des pomponnées, mais aussi des tacots, des guimbardes, qui elles pour sûr n'ont pas la vignette verte. Il y a aussi les bruyantes, à la radio criarde, aux enfants énervés, d'autres sont plus calmes, un petit air de classique en fond de caisse, mais aucune cela est certain, aucune, ne se tait.

Et comme j'en rêve, comme je le désire ce silence, mais voilà, d'être là parmi vous, c'est mon métier. Je suis cette petite bonne-femme qui ressemble un peu à un playmobil dans sa cabine. Je suis celle qui vous sourit en vous annonçant votre forfait, celle qui tend la main pour votre ticket et qui vous rend la monnaie, celle que l'on ne voit pas, que l'on ne regarde pas, je suis le petit robot pas encore bien automatisé dont vous vous fichez.

Vous allez, vous venez, un flux continu de pots d'échappement, que je respire sans pouvoir pour autant prendre la fuite, je suis moi, bien immobile, bien assise, et pourtant votre mouvement me fatigue tant.

Parfois entre deux, je ferme les yeux, et alors des vibrations de vos moteurs, pour quelques minutes, j'imagine la mer et son ressac, j'imagine la Normandie dont vous rentrez tous le dimanche soir. Ce doit être beau pour que vous soyez si nombreux sur cette route, peut-être qu'un jour moi aussi je verrai la mer en vrai et pas qu'à la télé, il paraît que c’est beau la mer.

Marcel m'a dit qu'il m'y emmènerait, mais il dit beaucoup plus de choses qu'il ne fait, j'y crois quand même, parce que mes rêves sont ce qui me rend vivante.

Le soleil se couche, le ciel est rose, il fera beau demain, c'est joli, toutes ces lumières de vos phares sont comme des étoiles filantes qui raseraient le sol. J'en ai déjà vu une, ça m'a fait tant plaisir, j'ai fait un vœu, celui de...

Il arrive vite, trop vite, en même temps il est si fier dans sa nouvelle petite Ferrari qu'il se prend pour l'as du volant, le roi de la maîtrise, plus sa voiture vrombit, plus il sourit. Il arrive près du péage, veut ralentir mais.... perd le contrôle, panique... son petit bijou se transforme en engin de destruction, il fonce tout droit dans la cabine du péage et la défonce avec une force époustouflante.

Anita n'a le temps que de voir une grande lumière puis... plus rien.

Elle avait raison, il fera beau demain mais Marcel ne l’emmènera jamais voir la mer.

 

merci à Leiloona qui propose ses ateliers d'écriture sur http://www.bricabook.fr/ 

 

photo de Romaric Cazaux



17/04/2013
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