Mes petites créations ...

Aujourd'hui, dès que j'en vois une, je ne peux m’empêcher de sourire et de penser à lui : mon grand-père.

Je me souviens très précisément du jour où je l'ai suivi au fond du jardin, je me demandais ce qu'il marmonnait là bas tous les jours, et je dois vous dire qu'à l'époque mes jeunes oreilles ont été plutôt étonnées. Il parlait en ces mots :

«  Oh belle, à la peau lisse et délicate, que j'aime vos rondeurs, que mes sens me dirigent vers vous, et j'ose vous le dire, ne souhaite que déguster votre chair sucrée. Sentir en moi votre parfum, votre saveur, vous êtes l'objet de mon désir, de mon plaisir. Je souhaite vous sentir couler dans la bouche, rouler sous ma langue, vous qui étiez fleur, serez mon meilleur fruit, je suis votre gourmand dévoué. »

Quand il s'est retourné, il m'a vu, a fait un clin d’œil. Je me souviens de cette conversation comme si elle datait d'hier :

« Mais voyons papy, à qui tu parles comme ça ? 

- A la cerise, ma chère.

- Oh la cerise, mais laquelle ! On dirait que tu es amoureux d'elle !

- Chut, viens par là... Il m’entraîna vers le fond du jardin.

- Je peux te le dire ici.

- En fait je leur parle à toutes, mais chacune croit que je lui parle à elle, tu sais elles sont comme les femmes, elles ont besoin de se sentir uniques.

- Tu es bizarre papy.

- Imagine qu'un garçon te dise un jour ce que je viens de dire aux cerises, qu'en penserais-tu ?

- Un garçon...euh... je souriais gênée.

- Peut-être que tu serais comme les cerises, tu ne répondrais rien, mes tes joues prendraient cette belle rougeur que je peux y voir maintenant.

- Tu parles aux cerises pour qu'elles rougissent !

- Chut, c'est mon secret. »

C'est vrai, qu'elles étaient délicieuses les cerises du jardin de mon grand-père, surtout quand mamie en faisait des clafoutis, si elle avait su le mal qu'il se donnait pour qu'elle ait le meilleur gâteau du quartier.

merci à Leiloona qui propose ses ateliers d'écriture sur http://www.bricabook.fr/ 

photo de Romaric Cazaux