Mes petites créations ...

Mes petites créations ...

Anna

banc

 

Je suis le gardien du parc, le responsable du coup de sifflet qui les fait tous râler, le protecteur des lieux, le maitre des pelouses, des oiseaux blessés, des enfants égarés, je suis le gardien du parc c'est mon métier. Lorsqu' enfin ont déserté les trottinettes, poussettes, gaufres au sucre et leurs usagers, je profite du plaisir de pouvoir me poser. Seul sur mon petit banc, je respire l'odeur humide des châtaigniers, je relâche ma posture droite et me courbe humblement vers la terre, une toute petite pluie coule sur moi, je voudrais me fondre à cette nature. Quelle paix seule cette contemplation apaise mon âme tourmentée, comble le vide de mon existence.
Une ombre bleue freine ma torpeur, y aurait-il un oublié?
Lentement je me dirige vers elle,
"Oh hé vous là bas!", personne ne me répond, l'ombre ne bouge pas, plus je me rapproche, plus j'ai de mal à respirer, je ne sais pas ce qui me prend, je sens mon cœur tambouriné, ma vue se brouille, ne reste que ce voile bleu devant mes yeux, je sombre.
Je ne sais plus bien où je suis, mi réveillé, mi endormi, quel est cet état, mon corps ne semble plus vouloir bouger, je me sens juste bien, une caresse sur ma joue, mes yeux refusent de s'ouvrir, une chaleur en moi, une douceur, un halo d'amour me porte, le voile outremer bouge dans ma tête, telle une cape qui danse, et soudain se soulève...cette chevelure, elle se retourne, me sourit, lumineuse, merveilleuse comme à ses 20 ans, ... Anna, ma belle, ma disparue, te voilà. La cape danse, tourbillonne, s'élance, je ne peux la saisir, Anna... reste avec moi, et puis... plus rien...
Soudain, j'ai mal, ma tête, je me réveille subitement, je suis plein de boue, seul, trempé, déboussolé. Je tente de reprendre mes esprits, de comprendre cette vision, je suis trop perturbé, trop de questions se bousculent, et ma tête qui me fait si mal.
Je décide de rentrer, à peine arrivé, je me dirige vers la malle où j'ai conservé les affaires de ma femme. La cape bleue est là, et sous elle, une enveloppe.
Mes mains tremblent je l'ouvre.Une vieille carte postale d'un petit garçon qui joue au ballon et au dos:

" Mon amour, tu me manques tant, je viendrai bientôt te chercher, quelle sera ma joie de te retrouver. Ton Anna."
De quand date cette carte, je ne m'en souviens pas, quand Anna m'a t-elle écrit ces mots? Et si, et si, ces mots n'étaient pas anciens, je n'y comprends plus rien, vais je mourir?
Marcel ne mangea pas ce soir là,en regardant la carte, il pensa à son fils et l'appela. Il avait toujours eu du mal avec lui, il lui en avait toujours voulu, sa naissance avait sonné le glas de la mort d'Anna, la vie qui apporte la mort... Il prit maladroitement de ses nouvelles, et avant de raccrocher, lui dit des mots qui s’étaient toujours tus, il le remercia d'être né et lui dit son amour.
Marcel alla se coucher, s'enroula dans la cape bleue de sa femme et jamais ne se réveilla.
 
Merci à leiloona pour ses ateliers d'écriture sur www.bricabook.fr
 
Photo de Romaric Cazaux


30/09/2013
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